Si vous pensez que les seuls volatiles portègnes sont les pigeons et les moineaux, détrompez-vous ! Les espaces verts de la ville regorgent de nombreuses espèces autochtones. Voici un guide des oiseaux autochtones les plus facilement observables dans la ville. Rendez-vous dans les nombreux parcs (découvrez ici mon top 10) ou à la réserve écologique Costanera Sur! Grâce à mon expérience dans les espaces verts de Buenos Aires, je vous confirme qu’il suffit d’être un minimum attentif pour identifier rapidement au moins une de ces 8 espèces d’oiseaux (d’ailleurs je suis l’auteur de toutes les photos de cet article).
En réalité, ce petit oiseau est considéré à tort comme une espèce de moineau car, bien qu’il présente une certaine ressemblance avec le moineau européen (passer domesticus), il ne fait pas partie de la même famille. Très commun dans toute l’Amérique du Sud, le bruant chingolo se caractérise par un collier de couleur cannelle sur la nuque, des rayures noires sur la tête, et une petite houppe en son extrémité. L’oiseau “punk” de Buenos aires est toutefois bien moins visible que son cousin français qui a été importé au XIXème siècle dans la capitale argentine et qui s’impose désormais en maître incontesté de la zone urbaine. Toutefois, dans les endroits les plus arborés de la ville, vous reconnaîtrez facilement le chingolo grâce à la couleur orangée de son cou et à sa petite crête.
Le Pigeon Picazuro, quant à lui, appartient bel et bien à la même famille que le pigeon européen (columba livia), mais il s’agit d’une espèce endémique présente en Argentine, au Brésil, en Uruguay, au Paraguay et en Bolivie. Selon certaines sources, son nom vient du guarani et signifie colombe amère. Bien que beaucoup plus discret que le pigeon domestique, le picazuro est facilement repérable dans les parcs et les lieux les plus boisés. Il est un peu plus grand que son parent européen et présente aussi un plumage plus foncé, dans les tons bruns, ainsi que des petits traits clairs et métallisés sur les ailes et le cou.
Vous l’aurez compris, le colibri c’est mon chouchou. Pour le voyageur, c’est un vrai enchantement. Qui ne tomberait pas sous le charme de ce petit bout de 9 cm, aux couleurs irisées, vertes et bleues? Le picaflor, comme on le nomme ici, est l’oiseau américain par excellence: il en existe 330 à 340 espèces dont 28 sont présentes en Argentine. L’Emeraude splendide est la plus courante d’entre elles, et celle que vous croiserez à Buenos Aires. Vous devrez vous armer de patience et être très attentifs. Un discret “tiit tiit” et un simple bourdonnement d’abeille vous informeront de sa présence. Battant des ailes à toute vitesse, il se nourrit du nectar des fleurs les plus colorées, les rouges aux calices profonds étant ses préférées. Vous le verrez “butiner” les matins et les soirs de printemps ou d’été.
Ni plus ni moins que l’oiseau national de l’Argentine ! Même si on le trouve aussi en Uruguay, au Brésil, Paraguay et Bolivie. Absolument incontournable dans le paysage urbain (et rural), vous avez certainement écouté son chant très caractéristique, parfois repris en choeur entre un mâle et une femelle. Durant la période de reproduction, les vocalises servent à maintenir le lien dans le couple, car ces oiseaux sont monogames. Entre avril et juin, Monsieur et Madame construisent ensemble leur nid avec de la boue et des fibres végétales. Il s’agit d’une construction massive – pouvant peser jusqu’à 5 kg – et semblable à un four en terre: c’est ce qui explique le nom de l’animal. Malgré sa solidité, les fourniers roux confectionnent un nouveau nid chaque année.
Cet oiseau qui chante à tue-tête et vous réveille à l’aube les jours de printemps, même au coeur de la ville? C’est lui! C’est d’ailleurs en référence à ses notes mélodieuses et répétitives que le surnom de “zorzal criollo” a été attribué à Carlos Gardel. Il est particulièrement bien adapté à l’environnement urbain et mesure une vingtaine de centimètres. Vous l’identifierez facilement grâce à son ventre orangé et le reste de son corps gris foncé. Omnivore, il se nourrit aussi bien d’insectes, de lombrics que de fruits favorisant ainsi la semence des plantes qu’il consomme.
Appelé aussi “tyran quiquivi”, il est présent sur tout le continent américain depuis le Sud du Texas jusqu’en Argentine. Son cri, composé de deux ou trois syllabes, est à l’origine de son nom et varie selon les régions, ce qui explique la profusion de noms vernaculaires dont il bénéficie. Vous ne pourrez pas le rater: une poitrine et un ventre jaune, le dos et les ailes gris foncés, un bandeau noir au niveau des yeux. C’est un oiseau très commun que l’on aperçoit autant en ville qu’à la campagne, sauf dans les régions boisées. Il fait partie du quotidien au point que de nombreuses légendes ou croyances lui sont associées. Dans la région de Misiones, par exemple, on raconte qu’il est la réincarnation d’une vieille femme tyrannique appelant ses enfants.
La calandria est de couleur marron grisé, avec le ventre plus clair que le reste du corps et une longue queue. Elle passe la plupart du temps au sol à la recherche des insectes et des fruits dont elle se nourrit. Ses capacités de chanteur sont frappantes : elle est capable d’imiter avec précision les sons d’autres espèces d’oiseaux, y compris le sifflement humain. C’est sans doute ce qui lui vaut le nom de “moqueur plombé” en français.
D’une vingtaine de centimètres, les tordos se caractérisent par leur plumage noir brillant aux jolis reflets irisés. Les femelles, quant à elles, sont simplement marrons. Dans certaines régions, il entretient un lien étroit avec le bétail, se perchant sur les animaux. D’ailleurs, en français, il répond au doux nom de “vacher luisant”. Comme le coucou, il dépose ses oeufs dans le nid d’autres espèces, leur laissant le soin d’alimenter et d’élever leur progéniture. On a répertorié plusieurs centaines d’espèces ainsi parasitées par cet oiseau, parmi lesquelles le hornero et le bruant chingolo.
Photos: A. Labadie
Retrouvez l’article original sur
Facebook Comments