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L’opossum, l’incroyable «belette» argentine

L'opossum, appelé à tort "belette" en Argentine, est un marsupial très courant dans les campagnes. | Photo: Alex Popovkin

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Son nom en français est Opossum ou Sarigue (Didelphis albiventris) mais en Argentine on l’appelle à tort «belette». Aujourd’hui, je viens vous présenter cet incroyable animal qui est pourtant très courant dans les campagnes argentines.

En réalité, l’usage du nom » belette » est une déformation issue des européens, utilisant le nom d’un animal déjà connu chez eux pour désigner cette espèce sudaméricaine. L’opossum n’a d’ailleurs rien à voir avec la belette (Mustela nivalis), ils ne sont même pas parents. L’opossum est en fait un marsupial, c’est-à-dire que c’est un cousin des kangourous et des koalas. Incroyable, non?

Il est très abondant en Argentine, car il s’adapte à toute sorte de milieux, des forêts humides jusqu’aux plaines de pâturages. On peut même le trouver dans les villes et les endroits avec une forte présence humaine. Des amis m’ont même raconté qu’une nuit, ils ont eu la surprise de se trouver nez à nez avec quelques spécimens sur les grilles du jardin botanique de Buenos Aires, en plein centre-ville. L’opossum vit la nuit et se repose habituellement dans la journée, dans des terriers qu’il construit lui-même ou bien dans les creux des arbres. Il est d’ailleurs un excellent grimpeur et sa longue queue lui sert à s’accrocher aux branches, comme c’est le cas sur la photo ci-dessus.

Malheureusement il a mauvaise réputation. Quand il se sent en danger, sa réaction est assez impressionante, ce qui ne contribue pas à le rendre sympatique: il souffle comme un chat et libère un odeur désagréable. En plus, il a un petit faible pour les poules, c’est pour ça qu’il est considéré comme nuisible. Pourtant, il joue un rôle déterminant pour la régulation des espèces invasives et la dispersion de plantes car il est omnivore, se nourrissant aussi bien de fruits que d’insectes et d’araignées

Comme tous les marsupiaux (répartis sur le continent américain et en Australie uniquement), sa particuliarité est la présence d’une poche, le marsupium, où restent les bébés après leur naissance. Dans le cas de l’opossum, la gestation dure à peine 2 semaines et les petits passent ensuite 45 jours dans le marsupium. Quand ils sortent, la mère les transporte sur son dos pendant 3 à 4 mois et ils ne reviennent dans la poche que pour têter. Les bébés naissent durant le printemps et l’été austral, de septembre à mai. Une même femelle peut avoir jusqu’à deux portées par an chacune de 6 petits en moyenne.

Mais que se passe-t-il  quand on est un bébé opossum et que ta maman meurt ?

Histoires de 9 bébés opossums

Ce pourrait être un conte de fées mais c’est une histoire vraie. A Chascomus, une petite ville à 100 kms au Sud-Ouest de Buenos Aires, 9 bebés opossum orphelins ont eu la chance de croiser la route d’Emiliano et sa compagne. Emi est comme moi élève de l’Ecole Argentine de Guides Naturalistes. Quand il a trouvé les neuf petits auprès de leur mère morte, ni une ni deux: il a décidé de les emporter chez lui! Avec plusieurs camarades de l’école nous avons suivi quasiment en direct l’évolution des bebés. Les petits opossum sont devenus en vraies stars: on leur a même consacré un groupe Whatsapp.

Pendant deux semaines Emi et sa compagne ont pris soin des bébés comme s’il s’agissait de leurs propres enfants. Ils leur ont créé un super espace de jeu avec de vieux pneus, aménagés avec des branches pour grimper et des cachettes pour faire la sieste.

Toutes les 4 heures, à tour de rôle, ils les ont fait têter avec une seringue.

Quand les bebés ont été plus grands, ils ont commencé à manger tout seuls de la pomme rapée.

Au bout de 2 semaines, les bébés opossum ont fait un long voyage jusqu’à Escobar, une ville de la banlieue Nord de Buenos Aires où se trouve le parc animalier Temaiken. Là, les petits ont été récupérés par les vétérinaires du Centre de Réhabilitation de la faune sauvage du parc qui s’est chargé d’en prendre soin jusqu’à leur libération. Emi et sa compagne voulaient s’assurer que les opossums pourraient être relâchés dans les meilleures conditions.

Sa carte d’identité

NOM SCIENTIFIQUE:
Didelphis Albiventris

NOMS COMMUNS:
Opossum à Oreilles Blanches, Sarigue
Cuya (pour le peuple mapuche) Mykuré (pour le peuple guaraní) Alolec (pour le peuple Mocoví)

OÙ LE TROUVER:
Présent dans toute la moitié Nord-Est de l'Argentine – depuis Cordoba jusqu'à la province de Misiones – Présent aussi au Paraguay, Uruguay et Brésil

CONSERVATION:
Préoccupation mineure

DISTINCCIÓN:
En Argentine, on l'appelle à tort " Comadreja " c'est-à dire "belette", ce qui peut créer des confusions. Cet usage n'est pas correct du point de vue scientifique étant donné que la belette est un mammifère de l'Hémisphère nord.


BIBLIOGRAPHIE

Site web du Système National d’Information de la Biodiversité

Un grand merci à Emiliano et sa compagne pour partager avec nous cette expérience. Les photos et vidéos de cet article ont été gracieusement fournis par eux et par Maria Ines que je remercie chaleureusement.

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