Buenos Aires est trompeuse. La première fois que je l’ai connu, tout m’a semblé si familier, la langue, les gens, les rues semblables à Paris, Barcelone ou Madrid… mais aussi le climat.
Les 4 saisons ont été une raison de plus pour me sentir à l’aise dans la capitale argentine. J’étais déjà assez perturbée par le fait de manger des cerises à Noël, changer d’année en tongs, fêter Pâques en automne, mettre un bonnet pour le 14 juillet, mais au moins je gardais les mêmes références des quatre saisons: printemps, été, automne, hiver. Pour moi désormais cela n’a plus de sens d’associer certaines dates avec du froid, du chaud ou n’importe quel phénomène climatique. Je ne m’étais jamais rendue compte à quel point le cycle de la nature donne un rythme à mon quotidien. Ces jours-ci je termine mon quatrième hiver à Buenos Aires. Après les signes avant-coureurs de l’été, je suis donc en mesure de vous offrir les 4 erreurs à ne pas commettre en hiver à Buenos Aires.
Juin 2015
Avant de faire chauffer de l’eau pour le thé, je suis allée directement vers le placard au saut du lit et j’ai enfilé un pull-over par-dessus mon pyjama. C’est un samedi de juin et l’air est un peu frais. Je reviens dans la chambre, et je me glisse de nouveau entre les draps tièdes. Je laisse ma tasse de thé sur la table de nuit, après avoir bu quelques gorgées. Ma main se rapproche du livre sur le meuble, mais finalement s’empare du téléphone portable. Ce froid ne me dit rien de bon, l’hiver se rapproche à grand pas. C’est mon premier hiver à Buenos Aires. C’est la saison que j’aime le moins, et je veux en savoir plus. Ce que je lis sur différentes pages Internet me rassure, surtout si je compare avec Carcassonne, ma ville d’origine, dans le Sud de France.
Statistiques annuelles Buenos Aires
température moyenne en Juillet: 11.0 ºC
température moyenne en Aout: 12.8 ºC
Statistiques annuelles Carcassonne
température moyenne en Janvier 6,4 ºC
température moyenne en Février 7,3ºC
Je me détends, je laisse de côté le portable, j’ouvre mon livre et je commence à profiter du week-end.
Température moyenne annuelle
Buenos Aires = 17.9 º C
Carcassonne =13,6 º C
Juillet 2016
Je termine ma tartine en vitesse, je prends mes clés et je mets mon blouson en cuir. Je laisse finalement sur la table mon bonnet de laine. La météo annonce un minimum de 11º pour aujourd’hui. J’ai une écharpe, un pull de laine, des leggings et avec la veste en cuir: ce sera suffisant.
Je mets un peu de temps à ouvrir la porte de l’immeuble. Tandis que je sors la clé de la serrure, je m’aide d’une épaule pour la pousser. Je ne pose d’abord qu’un seul pied dehors, et c’est comme si des dizaines de couteaux se plantaient dans ma jambe. Je marche quelques pas et les lames aiguisées se sont faufilés partout. Le vent me fouette les joues, on dirait que le cuir de ma veste s’est transformé en glaçon. En arrivant au portail du bureau, j’ai l’impression que le froid m’a pénétré les os. Alors que je suis sur le point d’entrer, je vois s’approcher ma collègue Julie, originaire de Montpellier, qui porte une écharpe XL littéralement enroulée sur le corps, des épaules jusqu’au nez. Aujourd’hui il fait 11º, pourquoi je suis congelée? c’est pas normal ça! Elle a l’habitude de dire parce qu’elle est née dans le Sud de la France, elle est handicapée à vie: elle ne s’adaptera jamais aux basses températures.
A Buenos Aires ce n’est pas la température qui compte: c’est la sensation thermique car la forte humidité présente dans la capitale argentine accentue les températures les plus basses.
Heures de soleil annuelles
Buenos Aires = 2525.2 h
Carcassonne = 2 120 h
Août 2017
Quelques semaines après, le matin avant de m’habiller, je regarde le temps para la fenêtre.
C’est un jour gris, un jour gris très particulier. La brume est épaisse et je ne distingue pas les immeubles de l’autre côté de la rue. Je n’hésite pas un instant: je choisis les vêtements les plus chauds de mon armoire. Quatre tours d’écharpe, le bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles et je sors avec les gants dans le sac au cas où.
Pas sitôt mis les pieds dehors qu’une vapeur épaisse s’abat sur moi. Je traverse un nuage tiède! Au fur et à mesure que je marche, j’enlève mon bonnet , qui rejoint les gants dans mon sac à main, puis l’écharpe et j’arrive au bureau avec le blouson ouvert et le cou à l’air. Le thermomètre indique 18º .
Au fil des ans j’ai appris l’équation suivante: jour brumeux = jour tiède et humide à Buenos Aires
Précipitations annuelles
Buenos Aires = 1236,3 mm
Carcassonne = 648,5 mm
Août 2018
Une rumeur sourde et continue attire mon attention. Je regarde par la fenêtre. Une averse commence à tomber. Aujourd’hui le temps est pluvieux. Je reviens à l’écran de l’ordinateur. Ce n’était que la pluie. Je continue à écrire mon article, rassurée. Où en étais-je? Ah oui, le titre: «pourquoi il est impossible de se perdre à Buenos Aires»
Je termine le premier paragraphe. Le bruit de l’extérieur s’intensifie. Je jette un coup d’oeil à la rue. C’est un peu plus qu’une simple averse. Ça va passer… Je reviens au clavier mais je reste attentive à ce qui se passe dehors. Le tambourinement redouble d’intensité. Il se fait encore plus fort. Ça ne devrait pas s’être arrêté là? J’ouvre les rideaux, je me poste à la fenêtre et j’observe durant un long moment. J’ai beau déjà savoir qu’ici c’est comme ça, cela me fascine toujours autant. Les gouttes sont grosses, généreuses, forment des lignes continues: c’est un vrai rideau liquide qui tombe sur la ville. On dirait que cette pluie ne va jamais terminer et comme toujours, ça me fait un peu paniquer. J’ai besoin de regarder par la fenêtre pour être sûre que tout va bien. Bien sûr, cela ne va pas changer grand chose. Cette intensité peut durer des heures.
Le climat est semi tropical, et le tropical implique de l’eau, beaucoup d’eau.
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